Ma synthèse : « Être parent c’est pas un jeu d’enfant » Conférence inédite d’Isabelle Filliozat à Talence (Bordeaux) le samedi 15 Mars 2014

Publié le 21 Mars 2014

Ma synthèse : « Être parent c’est pas un jeu d’enfant » Conférence inédite d’Isabelle Filliozat à Talence (Bordeaux) le samedi 15 Mars 2014

« Être parent c’est pas un jeu d’enfant »

Conférence inédite d’Isabelle Filliozat à Talence (Bordeaux) le samedi 15 Mars 2014

Il sera fort difficile de synthétiser et résumer fidèlement cette conférence qui a duré 2 heures. En effet, le « personnage Isabelle » est vraiment un personnage à part entière. J’ai eu la chance d’assister à un réel one-woman-show. Tout y était : présence sur scène, présence pour son public (dédicaces, échanges, câlins pour ses fans…), humour, scénettes, émotions… Avant toute chose… qui est ce petit bout de femme qui change nos vies à la lecture de ses ouvrages (non non je n’exagère pas, elle a su mettre des mots sur mes pensées les plus profondes… et pu ainsi faire en sorte que je puisse assumer certaines de mes convictions qui vont à l’encontre de ce que notre éducation et la société nous dictent) ? Elle est psychologue, clinicienne, psychothérapeute depuis 1982 et formatrice en relations humaines et communication. Aujourd’hui elle anime des stages sur « la grammaire des émotions » dont on peut voir la programmation sur son site http://www.filliozat.net/isabelle-filliozat/ (les dates des conférences y figurent également). Elle y décrit son activité comme se recentrant « autour de la transmission et de la diffusion vers le grand public, livres, articles, conférences, émissions de radio… et les formations », puis elle ajoute qu’elle est à ce jour « auteure de quatorze livres dont mon best-seller “L’intelligence du cœur” chez JC Lattès. » Voilà, les présentations sont faites !

En début de conférence, Isabelle Filliozat, émue, dédie sa conférence au mari d’une amie qui lui est chère, qui est parti subitement… Puis, elle nous présente le déroulement : pour une fois le conférencier ne parlera pas pendant de longues minutes en réservant quelques questions à de rares initiés à la fin… mais les questions seront le point de départ de tout ! La conférence est donc bien interactive ! Par groupe de 6 personnes nous écrivons une question sur un bout de papier… tous les coupons sont posés dans un panier… et Isabelle se donne comme objectif d’y répondre… A ce moment là, quand on voit la tonne de papier on se dit que c’est sans doute un peu utopique… Que nenni…

En guise de préambule, Isabelle nous présente ce qu’est pour elle la « parentalité positive ». Ainsi, ce n’est en aucun cas le contraire de « parentalité négative ». Il s’agit de regarder l’enfant dans une perspective de construction. Elle s’explique : pour simplifier la parentalité positive c’est se concentrer sur les besoins de l’enfant plutôt que sur les limites. Se concentrer sur les besoins de l’enfant, c’est être à l’écoute… et pour être à l’écoute il faut avoir pleinement conscience que le cerveau d’un enfant n’est pas complet. Il y a quelques années on pensait qu’un enfant était un adulte en miniature, qu’il avait les mêmes compétences qu'un adulte, mais juste un cerveau plus petit. Dorénavant, la recherche nous a prouvé que c’est faux. Isabelle nous explique qu’un enfant de 8 ans est incapable de retenir plus de 5 consignes à la fois donc si on accumule les instructions il ne faut pas s’étonner que cela ne mène à rien. Pour résumer, nous avons trop tendance à projeter nos compétences sur un enfant ! A ce sujet, Isabelle nous explique que pour qu’une consigne soit appliquée, très souvent il ne faut pas seulement solliciter la « zone verbale » du cerveau mais aussi solliciter le cerveau préfrontal, celui qui fait réfléchir. L’exemple pris est celui du cartable. « Va chercher ton cartable ! » … l’enfant monte les marches pour aller dans sa chambre et a oublié ce qu’il venait chercher… « Où vas- tu ce matin ? » « A l’école. » « Tu as besoin de quoi ? » « Mon cartable ! »… et l’enfant monte le chercher.

A ce moment de la conférence Isabelle tire une première question : « Une enfant de 20 mois s’endort sans problème quand le parent n’est pas là… si le parent est là c’est très compliqué ». Ah tiens, ça me rappelle Bébé Chameau les jours où je ne travaille pas… Isabelle tient là LA question qui lui fallait pour développer la théorie de l’attachement. Elle évoque (avec vidéo à l’appui) John Bowlby (un homme qui a été la première personne que des canetons ont vue et qu’ils suivaient partout comme si Bowlby était leur mère). L’attachement est l’équivalent de l’empreinte chez l’animal. La seule différence c’est que l’empreinte (animale) est immédiate alors que l’attachement (humain) met 9 mois à se construire avec la figure d’attachement principale. Bien souvent cette figure d’attachement principale est la mère mais ce n’est pas toujours le cas. Isabelle nous explique que plus on nourrit l’attachement, plus on remplit le réservoir d’un enfant, et plus on développe ses compétences. Plus tard dans la conférence Isabelle montre d’ailleurs qu’il est nécessaire de remplir le réservoir d’un enfant dès le matin en jouant ne serait ce que quelques minutes avec lui. Trop d’enfants partent à l’école, à la crèche, chez leur assistante maternelle… avec leur réservoir affectif à zéro !

Pour revenir à la question elle énonce qu’un bébé s’hyper-nourrit quand sa figure d’attachement principale est là, il maximise le temps. Voilà pourquoi cette enfant ne dort pas, elle reste réveillée pour remplir le réservoir. S’endormir devient alors une séparation !

Isabelle explique aussi que parfois c’est l’inverse. Un enfant ne s’endort QUE si sa figure d’attachement principale est présente. Là l’explication est toute autre : l’enfant a une confiance démesurée en cette personne et a un sentiment de sécurité innommable en sa présence… donc n’accepte de lâcher prise (et donc s’endormir) que si elle est là. A ce sujet, Isabelle montre qu’un enfant n’ose montrer ses difficultés qu’à la figure d’attachement principale. Il ne faut donc pas culpabiliser si un enfant est infernal avec sa mère ; et très souvent il lui sera fait le reproche de ne « pas avoir d’autorité sur son enfant d’ailleurs ». Que de balivernes ! L’homme est un mammifère et un mammifère n’explose pas dans n’importe quelle circonstance, il n’explose que quand il se sent en sécurité. Donc si l’enfant à systématiquement sa crise « ronchon/bougon » pendant 30 minutes le soir avec vous mesdames, ne culpabilisez pas… c’est une belle marque de confiance. Tout de suite ça remonte le moral je trouve. A ce sujet, Isabelle Filliozat a aussi pris l'exemple des enfants qui, le soir, jouent avec leur papa, et dont l'épisode ludique se termine souvent dans les pleurs (avec maman qui hurle derrière "tu vois je te l'avais dit que tu allais me l'exciter!"). Elle explique que si l'enfant pleure, c'est qu'il a suffisamment confiance en son papa (qui a rempli son réservoir en jouant avec lui) et que du coup il décharge sur cette figure d'attachement.

En guise deuxième question, se pose le souci des limites, ces fameuses limites dont on nous parle depuis que nous sommes enfants, et encore plus depuis que nous sommes parents. Il faut poser des limites !!! Isabelle énonce fort justement que quand on se retrouve dans une situation de blocage, très souvent nous sommes deux à bloquer… Pour débloquer la situation, quoi de mieux que d’écouter (puis comprendre) le besoin de son enfant ? Un enfant qui bloque est un enfant qui stresse, c’est une réaction physiologique. C’est naturel, c’est notre espèce qui veut ça. Elle prend l’exemple de l’homme préhistorique face au mammouth pour illustrer son propos et aboutir au fait que le stress (qui est une réponse spécifique de l’organisme à une situation) peut engendrer trois types de réactions développées pour faire face au danger : 1. L’attaque (Fight) ; 2. La fuite (Flight) ; 3. Le figement (Freeze)… les fameux « fight, flight and freeze ». Selon la conférencière l’attaque est la réaction qui abîme le moins corporellement parlant, donc de fait c’est souvent une posture adoptée, la figement par contre est la réaction la plus nuisible émotionnellement et physiologiquement.

Isabelle revient donc sur nos codes pour désamorcer une bombe. Il faut poser la question à son enfant « As-tu un souci dans ton cœur ? » et lui donner tout l’amour dont il a besoin. Trop souvent on a tendance à considérer l’amour comme une récompense… or l’amour, les câlins, etc, c’est le carburant ! C’est l’amour qui fait avancer nos enfants. Elle nous explique que le réservoir est à remplir avant qu’il ne soit vide, avant qu’il ne se vide ! Isabelle prend l’exemple d’une voiture et l’essence. On donne à notre voiture l’essence qui est nécessaire pour faire un trajet avant de partir et pas à la fin, si elle est sage ! Et bien pour nos enfants c’est la même chose : on donne l’amour, on remplit le réservoir de manière inconditionnelle, même dans les situations compliquées !

Isabelle revient sur l’attachement et nous explique que chez l’être humain l’attachement est le besoin le plus important après « respirer », il vient juste avant le besoin de nourriture.

Ensuite, vient la fameuse question : suis-je un bon parent ? Comment être le parent qu’on souhaiterait être ? Vaste programme… on se pose tous très souvent la question… Isabelle Filliozat prend appui sur des recherches mettant en action des cerveaux de parents analysés par IRM face à des images d’enfants qui pleurent. Les résultats de cette étude sont probants. Les parents qui ont reçu l’attachement suffisant, qui ont vu leur réservoir rempli de manière suffisante… sont les parents qui répondent le plus spontanément au besoin de l’enfant qui pleure, c’est-à-dire le consoler. En effet, ce sont les zones du cerveau liées à l’empathie naturelle qui s’allument. En revanche, un parent qui n’a pas eu l’attachement nécessaire, qui n’a pas eu son réservoir suffisamment rempli est un parent qui a une amydgale hyper-réactive et qui va réagir comme s’il était dans une situation de stress, l’enfant devient alors un danger. Mais ne paniquons pas, une amydgale hyper-réactive peut se réparer, tout est réparable… Mais comment réparer? Et bien en remplissant le réservoir du parent qui n'a pas eu sa dose... Isabelle Filliozat propose qu'au parent qui s'énerve ou crie, on fasse un gros câlin de réconfort... <3

Pour terminer, Isabelle Filliozat a mis en évidence la nocivité de certains additifs alimentaires (E211 par exemple qui asphyxie les cellules et donc est une cause d’hyperactivité), de la viande de bœuf nourrie au maïs (fait baisser le niveau d’omégas 3 et multiplie par 10 à 20 les omégas 6 donc inflammatoires), du sucre et de la farine raffinés (majore la violence, perturbe les capacités de gestion émotionnelle de l’enfant). Isabelle s’appuie sur des études et annonce notamment que quand on a supprime tout ce qui est raffiné (sucre, farines blanches…), les incivilités baissent de 47 à 51%.

Pour résumer, la conférencière rappelle que la France est LE pays le plus autoritaire d’Europe mais que c’est aussi le pays qui s’oppose encore à une loi bannissant les châtiments corporels. Elle pointe là du doigt une sacrée incohérence.

Au final, quand on se retrouve dans une situation de problème il faut se demander :

- est-ce un problème de cœur ?

- est-ce besoin de courir, de se dépenser ?

- est-ce un besoin de nourriture ?

- est-ce un besoin de libre-arbitre ? (avoir le choix)

Je suis sortie de cette conférence pleine d’énergie, prête à me retrouver dans des situations difficiles émotionnellement pour mon bébé et moi… mais surtout en déculpabilisant… et en comprenant nettement mieux le fonctionnement de mon tout petit.

Je vous conseille la lecture de ses ouvrages et je recommande ses conférences car ça vaut vraiment le détour : compréhension, émotion, humour, spectacle ! Show must go on !

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Rédigé par Maman Chameau

Publié dans #Lectures de Maman Chameau, #Bibliothèque

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C
Bonjour, j'ai telecharge la video de cette conference sur internet, elle est vraiment tres interessante !<br /> Je viens de parcourir toute votre bibliotheque de maman chameau ainsi que la bibliotheque chameauesque pour y trouver des idees (en bref j'ai mis beaucoup de choses dans mes favoris ^^)<br /> Merci pour tout ce que vous partagez, c'est tres enrichissant ! :)<br /> Je me permet aussi de vous conseiller un livre sur la communication non violente " Cessez d'etre gentil soyez vrai" de Thomas d'Hamsenbourg , dans la meme dynamique que " Parlez pour que les enfants ecoutent et ecoutez pour que les enfants parlent", celui ci aide dans un 1 er temps l'adulte a apprendre a s'ecouter pour ensuite mieux ecouter les autres. :) Je le trouve passionnant et il me fait realiser des choses que je n'avais pas compris jusque la, notamment que le parent malgre toute sa bonne volonte aura toujours du mal a etre a l'ecoute de son enfant si il n'apprend pas a ecouter lui meme ses sentiments et ses besoins. Depuis cette lecture il y a une reelle difference de communication chez nous, un declic a eu lieu que je n'avais pas eu avec mes autres livres de parentalite positive ;) <br /> Belle route et merci encore :)
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M
Merci à toi Coco<br /> Je prends acte de cette lecture. J'ai visionné des vidéos mais pas lu cet auteur. Merci encore
V
c est vraiment super cette conception des choses avec les enfants. Je suis éducatrice et cette nouvelle façon d'être et de se poser face aux enfants est intéressante. Plus, plus,....
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S
Superbe article qui retranscrit vraiment bien la conférence ! J'avais eu l'occasion d'y assister l'été dernier, et comme toi j'en étais ressorti reboosté :) Isabelle nous amène à réfléchir et c'est très bien. Moi mon livre préféré est &quot;au coeur des emotions de l'enfant&quot; ma première lecture d'elle, ça a été une révélation, elle m'a révélé à mon moi &quot;mère&quot;. Une grande dame !
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M
Je vois que notre parcours est le même... J'ai lu en premier aussi &quot;Au cœur des émotions de l'enfant&quot;... une révélation... Je me suis dit &quot;Ah enfin, je lis couchées sur le papier des phrases qui pourraient sortir de mon cœur, qui sont mon ressenti, et qui vont à l'encontre de ce que nous dicte la société ou notre éducation&quot;. Vraiment, une grande dame comme vous dites. Bonne continuation à vous sur le chemin de la parentalité positive.